Marathon des Sables Atlantic coast

Marathon des Sables Atlantic coast

Après le Pérou et le Legendary, mon envie de faire des courses à étapes dans le désert et en autonomie est toujours là. Je ressors à chaque fois de ces expériences différent, j’apprends sur moi, en introspection et ça me permet de faire un reset complet. 

Au-delà du plan sportif, c’est une aventure humaine. J’aime ces moments avec les participants, les échanges simples où tout le monde est à la même échelle, les statuts sont oubliés. 

Pour bien commencer cette nouvelle année, j’ai décidé de faire les cross afin d’accompagner mon club de Courir à Lyon et de faire le Marathon des sables Atlantic Coast sur le grand format.

J -1 : Régionaux de cross 

Le timing sera short mais j’aime la fastlife, j’ai choisi de faire les régionaux de cross pas très loin de chez moi pour ensuite partir vers le Maroc dans la foulée. Ça sera donc un bon déblocage, différent des classiques.

9 bornes à bloc, ça me fait sortir de ma zone de confort, indispensable avec ma volonté de m’améliorer sur quelques points comme la vitesse et l’explosivité. Le cross est la bonne école pour cela, et j’aime au final cet esprit très compétitif mais qui reste respectueux. 

J’arrive au final à me classer 2nd au général, je retiens donc du positif pour la suite qui arrive. 

Jour J : Transfert & première étape 

Après le cross, j’ai donc pris l’avion en fin d’après midi afin de profiter un peu avec ma famille la journée. Je suis arrivé vers 1h30 du mat sur Agadir le lundi, pour un check de mon matériel obligatoire à 2h20, la nuit a été courte. La chance que j’ai est de pouvoir dormir dans le bus qui m’amènera jusqu’au départ de la première étape.

Même avec des petits yeux, j’ai pris un départ prudent afin de prendre mes repères entre le poids de mon sac, la fatigue présente et le terrain. 

La première étape était de 25km avec deux grosses montées de dunes et des parties roulantes. J’ai donc géré les ascensions et, étant relâché en descente, j’ai pu aussi me faire plaisir sur le plat. Il fallait également être prudent car la grosse étape tombait direct le lendemain, et c’est là que je voulais bien courir. 

La fin fut sublime, à courir sur de magnifiques dunes, onduleuses, sans traces de pas, avec sur ma droite l’océan Atlantic. Un finish incroyable. Je n’avais plus qu’à savourer ce moment, en rejoignant le bivouac installé,  avec mes compagnons pour ces trois prochains jours.

Au final, je finis premier avec une dizaine de minutes d’avance sur deux coureurs allemands, très sympas. Ça me laissait un joker si je devais perdre du temps.

Jour 2 : Étape Reine

Après une très bonne nuit, même si j’ai décidé de ne pas prendre de matelas de sol, j’ai sacrément bien dormi, même si j’ai eu pas mal de réveils, je me sens un peu mieux.

En effet, j’ai décidé de courir léger, je l’ai appris sur le Legendary l’année dernière. Je n’ai pas pris de matelas de sol, j’ai pris les même lyophilisés (aligot car ce sont eux qui prennent le moins de place et ont un bon apport en calories) que j’ai reconditionné dans des sachets congelo. Pendant la course, je ne prendrai que du Précision avec des gels 90g que je mettrai dans mes gourdes de 500ml afin d’avoir un bon apport hydrique et glucidique toutes les heures, j’optimise aussi la place. Pour les couverts, j’ai juste une cuillère en bois que j’ai recup dans l’avion lors de mon repas en vol. Le reste, juste le matos obligatoire… Je reviendrai sur tout ce que j’avais dans un autre article sur le blog.

Sur ce jour deux, l’étape comportait 55km entre dunes, oueds, sables dur et mou et cailloux. Il y a eu deux départs différents en fonction des classements avec 1h d’écart entre les deux. Les 30 premiers partant plus tard. 

L’allure allait être bien différente des cross, mais je pensais plutôt mettre la même que celle de la veille. Je me retrouve vite seul, dès la première dune à monter. Je suis parti en cavalier seul, avec les jambes et le cœur. Je retrouvais la difficulté mais aussi le côté unique de courir dans le sable, monter des mètres de dénivelé dans de la semoule où les appuis ne sont pas maîtrisés. Et je voyais en levant la tête la chance que j’avais d’être ici.

Petit à petit j’ai rattrapé la première vague de coureurs, et ça donne chaud au cœur, car même si je les doublais, j’avais les encouragements de chacun. Et à mon tour, je les félicitais d’être là, la ferveur était réciproque. Dans les marathons des sables, vous pouvez bifurquer sur 3 distances lors de la grande étape et choisir soit 20, 40 ou 60km, ce qui vous permet derrière d’avoir des classements différents sur les distances totales de 80, 100 ou 120km. Contrairement au Legendary où vous partez pour 250km au total. C’est pour cela que je trouve qu’il est nécessaire de se tester et de se faire sa propre opinion avec un marathon des sables, avant de faire le Legendary.

Une fois la première dune de montée, j’ai pu rejoindre le premier CP (Control point), et pu prendre de l’énergie, non pas par le ravito, mais par l’ambiance et les encouragements des bénévoles et personnes médicales. Pour revenir à eux, ce sont des personnes attentives et impliquées tout au long des aventures que j’ai pu vivre lors des MDS, on les remarque grâce à leurs gilets orange et bleus, merci à eux. D’ailleurs, au fil des ans, j’ai pu lier derrière des relations amicales sincères, elles se reconnaîtront. 

La suite était plutôt roulante avec un temps mixant un peu de vent, un peu de pluie et parfois du soleil. Tout au long de ce MDS, je n’aurai jamais eu trop chaud, au contraire même. Les changements de temps ont aussi donné une identité particulière à celui-ci. Je m’en rappellerai. 

En regardant derrière moi, j’ai pu voir que mon avance était assez large, et sans excès de confiance, j’ai décidé de garder le même rythme et de profiter tout autant. J’arrivais au deuxième tiers de course avec la banane sans qu’elle soit dans mon sac ; un vrai kiffe, en continuant sur un parcours très roulant avec des longues lignes droites entrecoupées de dunes. L’horizon était infini et là tu te rends compte de l’immensité. Tu es seul au monde, à penser, à savourer l’instant présent, à te sentir vivant. 

Le dernier tiers était validé à la condition d’avoir eu une bonne gestion, car il fallait courir du début jusqu’à la fin. J’ai à nouveau retrouvé des participants qui avaient bifurqué sur d’autres distances. Ça m’a fait du bien, et j’ai saisi leur énergie pour relancer et finir. Ce fut encore un moment que je garderai dans ma tête, mieux qu’une photo (même si celles de ian Corless sont incroyables).

Jour 3 : OFF & ramassage de déchets 

Cyril, le mec sans qui le MDS n’existerait pas, a décidé de rendre cette journée off ludique et utile : organiser un ramassage de déchets de notre bivouac jusqu’à la plage. 

Rien d’obligatoire mais la plupart des participants y sont allés. Je pense que ceux qui n’étaient pas là n’ont pas eu le choix au vu de leur condition physique, car avec la fatigue et les fameux bobos liés au sac ou aux pieds, ça pouvait devenir compliqué. 

J’ai beaucoup apprécié cette initiative, surtout que l’organisation tend à devenir plus responsable. Il y aura toujours à dire pour faire mieux, mais au moins il y a de l’évolution et de la volonté. 

Ce n’est pas mon meilleur souvenir, mais dès l’entrée vers la plage, les bouteilles, matériel de pêche, filets, bidons étaient nombreux. Ça faisait mal au cœur. Tout le monde était impliqué,  toujours dans une bonne ambiance. 

Une fois la matinée passée, c’était chill, discussion, et échanges. On pensait tous à la dernière étape, celle du lendemain, facile sur le road book, mais pas tant au final…

Jour 4 : Epic Final Stage 

La nuit fut mouvementée entre vent toute la nuit et pluie tôt le matin. Les départs étaient à nouveau scindés en deux et espacés d’une heure et demie. La première vague est partie sous la pluie, tant qu’à moi, juste avec le vent. Ce n’était que l’échauffement. 

Je savais qu’il y allait avoir pas mal de sable mou et beaucoup de dunes à gérer, mais je n’avais pas prévu le vent et les tempêtes de sable. 

J’ai monté la première dune sereinement mais la bascule face au vent fut difficile, même avec mes lunettes de soleil, j’ai bouffé du sable et j’en avais plein les yeux… j’ai profité du premier CP pour me les nettoyer. 

Le parcours était en ligne droite, face au vent du début jusqu’à la fin. Oui, c’était épique, et ça a donné une valeur ajoutée à ce périple finalement. À froid, je peux dire que j’ai kiffé vivre cela. La satisfaction pour moi est de s’en sortir malgré les imprévus, ce que l’on maitrise pas, et qui n’est pas facile.  Et ensuite savourer ce que l’on a accompli.

Au départ, les principales difficultés étaient de passer deux grosses dunes, la suite étant roulante. Mais ce vent uniquement de face, avec un tracé quasi tout azimut, rendait tout compliqué, il fallait bien gérer.

À nouveau, j’ai retrouvé le premier groupe, mes compagnons de groupe, de bivouac, d’une même aventure. Ils avaient tous le buff (je vous laisse découvrir le miens) sur le visage, la casquette rentrée et inclinée sur l’avant, les lunettes même si le soleil était timide. Je voyais que c’était difficile pour tout le monde, mais ils étaient tous déterminés à finir cette étape et ce premier MDS Atlantic Coast.

La fin fut un kiffe total, courir entre océan et dunes sur plusieurs kilomètres. Même si le vent ne permettait pas d’avoir une bonne allure sur la montre, l’environnement était incroyable. J’ai savouré, pensé à mes proches, à ce que je vivais avant de franchir la ligne d’arrivée.

Le chrono, la place, a eu au final peu d’importance. Oui, je voulais faire honneur à mon dossard, mais comme à chaque fois, c’est venu en second. Je ne remercierai jamais assez cette organisation qui rend ces moments uniques et précieux que parfois j’oublie. 

Il est temps de rentrer, faire partager à mes proches de vive voix cette nouvelle aventure humaine. Et attendant, je souhaite remercier l’organisation et féliciter tous les participants de cette première édition. Je vous kiffe.

Photos PAT coaching / Ian Corless 

Retour au blog